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Homélie de Christian aux Carceri

  • diacres 78
  • 10 mars 2019
  • 4 min de lecture

C’est le moment favorable, c’est le moment de choisir la vie ou la mort, c’est le moment de mendier, c’est le moment d’entrer en ce temps de carême dans ce lieu retiré , ce lieu de solitude où François aimait se blottir dans cette anfractuosité de rocher, comme incarcéré dans la prière et la contemplation de l’humilité de Dieu, et comme désirant sentir dans sa chair l’immanence de la création et la présence du Christ . Là, comme le relate Thomas de Célano au chapitre 71, “il y séjournait longtemps et s’anéantissait alors dans la contemplation des plaies du Sauveur.


François, le poverello, cherchait qu’elle était la volonté de Dieu sur lui, à quel renoncements il devait consentir pour suivre le Christ; et sans doute avait-il médité ce psaume que nous chantions tout à l’heure, “Heureux est l’homme qui murmure sa loi jour et nuit”;


Ainsi, nous pouvons lire dans les Fioretti (au chapitre 16) “L'humble serviteur de Dieu, Saint François, peu de temps après sa conversion, ayant déjà réuni et reçu dans l’Ordre des frères mineurs beaucoup de compagnons, entra en grand souci et grand doute sur ce qu'il devait faire; où se livrer seulement à l'oraison, où quelquefois à la prédication et il désirait beaucoup sur cela connaitre la volonté de Dieu. Et parce que l'humilité qui était en lui ne le laissait pas se fier à lui-même, ni à ses oraisons, il pensa rechercher la volonté divine par l'oraison des autres.” il s'agenouilla devant frère Massée et tira son capuchon; puis plaçant les bras en forme de croix, il lui demanda: "Que me commande de faire mon Seigneur Jésus-Christ?" Frère Massée répondit que, aussi bien à frère Sylvestre qu'à soeur Claire et à ses soeurs, le Christ avait répondu et révélé que sa volonté est celle-ci : "Que tu ailles par le monde pour prêcher, parce qu'il ne t'a pas élu pour toi seul, mais aussi pour le salut des autres". Alors François, lorsqu'il eut entendu cette réponse et connu par elle la volonté du Christ, se leva et avec une très grande ferveur dit: “Allons! au nom de Dieu.


Mais que cherchait-il vraiment au fond de son coeur, lové dans les entrailles de la terre qu’il louait et chérissait comme sa soeur et sa mère? Que cherchons nous aussi aujourd’hui à sa suite au seuil de ce carême?


Dans la prière, et avec l’aide de ses frères, François peu à peu se laissait convertir et découvrait le don de Dieu, le don de l’AMOUR PUR que son créateur avait déposé au plus profond de lui, de chaque personne avant même sa conception et pour toujours. C’est bien en effet cet Amour pur que nous recevons et qui seul nous place devant le choix de la vie ou de la mort en donnant notre vie; c’est aussi ce que nous entendons lorsque les futurs époux

échangent leur consentement au cours du rituel si fort du sacrement de mariage: “je te reçois et je me donne à toi”;

c’est également le geste du prêtre qui reçoit les dons et les présente afin qu’ils deviennent pain et vin de vie.

C’est enfin le geste que nous faisons en recevant le pain, corps du Christ donné pour la vie du monde.

Or, de cet Amour pur, nous ne vivons pas toujours, et lorsqu’il est dévié de son but, l’amour défigure le visage de l’homme et même de toute la création.

Ainsi, Saint François, afin de demeurer dans la pureté de l’amour pour ne pas entrer en tentation, nous indique une voie radicale: Thomas de Celano et Saint Bonaventure en racontent plusieurs épisodes dont ces quelques lignes au chapitre 5 verset 3 (legenda major):

Austère, toujours sur ses garde, il veillait avec le plus grand soin à conserver purs son âme et son corps ; dans les débuts de sa conversion, il lui arrivait en plein hiver de se plonger dans un fossé plein d’eau glacée pour mater pleinement l’ennemi que chacun porte en soi et préserver des atteintes de la volupté la blanche robe de son innocence. Un homme spirituel, affirmait-il, endure infiniment plus volontiers le froid qui glace son corps que l’ardeur du plus léger désir charnel s’emparant de son esprit.

Face aux tentations du malin, c’est le moment de mendier l’humilité de notre Père du Ciel afin qu’Il ne nous laisse pas entrer en tentation, qu’il ne nous laisse pas désacraliser son image qui repose au creux de notre coeur et dans celui de nos frères.

En contemplant le visage et les plaies du Christ dans l’église de St Damien, en écoutant ses frères, en s’approchant du lépreux, le très haut lui-même révéla à François qu’il devait vivre selon le saint évangile, réparer son église en ruine et se laisser faire afin que ce qui lui semblait amer en côtoyant les lépreux fut changé en douceur pour l’esprit et le corps.


Chers frères diacres , chers soeurs et épouses, chers frères évêque et prêtres que nous voulons “ respecter, aimer et honorer”...car dit encore François dans son testament qu’il dicta quelques mois avant sa mort au printemps 1226, “Si je fais cela, c’est parce que du très haut fils de Dieu, je ne vois rien de sensible en ce monde, si ce n’est son Corps et son Sang très saints que les prêtres reçoivent et dont ils sont les seuls ministres”


C’est le moment favorable, c’est le moment de mendier; la grâce de l’amour pur nous transformera, pour devenir des saints, pour être heureux, pour devenir la joie de Dieu et de nos frères:

La joie de Dieu, François la contemplait dans cette icône du Christ debout, les yeux ouverts, entre les ténèbres de la mort vaincue et le ciel ouvert, et dont les plaies versent le sang pour donner vie au monde.

Me voici, Jésus, le Christ, ton corps brisé, ton sang versé, je les reçois et je me donne à toi.

 
 
 

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